Le suffrage universel : décret de 1848 et impressions d'A. de Lamartine

Procès verbal n°8, séance et loi du 5 mars 1848 :



Le gouvernement provisoire de la République,
Voulant remettre le plus tôt possible aux mains d'un gouvernement définitif les pouvoirs qu'il exerce dans l'intérêt et par le commandement du peuple,
Décrète :
Article premier. Les assemblées électorales de canton sont convoquées au 9 avril prochain pour élire les représentants du peuple à l'Assemblée nationale qui doit décréter la Constitution.
Art.2. L'éléction aura pour base la population. [...]
Art.5. Le suffrage sera direct et universel.
Art.6. Sont élécteurs, tous les Français âgés de 21 ans, résidant dans la commune depuis six mois, et non judiciairement privés ou suspendus de l'exercice des droits civiques.
Art.7. Sont éligibles, tous les Français de 25 ans, et non privés ou suspendus de l'exercice des droits civiques.
Art.8. Le scrutin sera secret.


Impressions d'A. de Lamartine

«  Au lever du soleil, les populations recueillies et émues de patriotisme se formèrent en colonnes à la sortie des temples, sous la conduite des maires, des curés, des instituteurs, des juges de paix, des citoyens influents, s'acheminèrent par villages et hameaux aux chefs-lieux d'arrondissement, et déposèrent dans les urnes, sans autre impulsion que celle de leur conscience, sans violences, ( ... ) les noms des hommes dont la probité, les lumières, la vertu, le talent, et surtout la modération, leur inspiraient le plus de confiance pour le salut commun et pour l'avenir de la République.

Il en fut de même dans les villes. On voyait les citoyens riches et pauvres, soldats ou ouvriers, propriétaires ou prolétaires, sortir un à un du seuil de leurs maisons, le recueillement et la sérénité sur leurs visages, porter leurs suffrages écrits au scrutin ( ... ) , le déposer dans l'urne, et revenir avec la satisfaction peinte sur les traits comme d'une pieuse cérémonie. »


Lamartine, Histoire de la révolution de 1848, éd. Gesztesi. Paris 1849.


Ce texte est à rapprocher de celui plus connu d'Alexis de Tocqueville. Les mêmes accents romantiques sont présents, la même modération politique.

 

 

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